Insécurité à Bukavu : la population manifeste son ras-le-bol


Vue sur le centre ville de Bukavu

La tension semble être retombée d’un cran à Bukavu après une journée de manifestations spontanées dans plusieurs quartiers de la ville.
Bukavu est la capitale de la province du Sud Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo.
La ville de Bukavu s’est réveillée ce vendredi au bruit des barrages et des protestations le long des grands axes de la ville. Cela fait suite à l’assassinat de trois personnes dont un changeur de monnaie tuées la veille au soir dans les communes d’Ibanda et Kadutu par des hommes armés d’armes à feu et de grenades. A cela s’ajouterait six blessés par balles selon le Président de la Dynamique de la nouvelle société civile Jean Claude Kijana. 

C’est avec les feuilles d’arbres que les jeunes sont descendus dans les rues pour manifester contre l’insécurité grandissante et exprimer leur tristesse aux côtés de leurs frères qui portaient le cercueil d’un des leurs tué la veille. Sur l’avenue industrielle (commune de Kadutu) et sur l’avenue Albert Kayabu (commune d’Ibanda), les jeunes manifestants ont errigé des barricades sur la route en brûlant des pneus sur la chaussée. Les écoles sur l’axe Muhungu et certaines boutiques et magasins ont été obligés de fermer leurs portes par crainte d’échauffourées.

Les éléments de la police ont circulé dans la ville pour contenir les manifestants en n’hésitant pas à user de gaz lacrymogènes et à tirer en l’air pour faire fuir les plus récalcitrants décidés à exprimer leur colère. Ce n’est que vers 15 heures que la circulation a timidement repris ainsi que les activités. 

Pour rappel, une organisation des défenses des droits humains la Synergie des associations des jeunes pour l’éducation civique, électorale et la promotion des droits de l’homme au Sud-Kivu (SAJECEK), a déploré la dégradation de la situation sécuritaire depuis l’arrivée du nouveau gouverneur du Sud Kivu.  Pour le seul mois de janvier 2018, la province du Sud-Kivu a enregistré 37 personnes tuées, 86 maisons attaquées par des bandits armés, et une multitude de véhicules pillés par des coupeurs des routes », a indiqué Robert Njangala, coordonnateur de SAJECEK.

La lutte contre l’insécurité est pourtant une priorité pour le nouvel exécutif de la Province. Mais comme l’a fait remarquer M. Safanto Bulongo, le coordonnateur de l’ONG Max Impact spécialisée sur les questions de bonne gouvernance et qui a épluché le budget 2018 de la Province, le budget de fonctionnement - hors salaires - dont bénéficie la police pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens (communication, carburant, primes, frais de maintenance des véhicules) n’est que de 100 millions de Francs Congolais pour cette année. Cela revient à une moyenne de 145 USD par jour pour permettre à la police d’assurer la sécurité d’une province deux fois plus grande que la Belgique. Dans ces conditions, comment le Gouverneur compte-t-il s’y prendre pour réduire l’insécurité ?

Avec l’insécurité qui atteint un niveau record à Bukavu et l’utilisation de grenades dans ces braquages (une nouveauté dans la ville), la population de Bukavu est résolue à demander des comptes aux autorités et cette première journée semble être une mise en garde dans un contexte déjà marqué par les tensions liées aux manifestations agitant le pays par rapport aux prochaines échéances électorales.

Esther NSAPU 





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